Le conseil d’administration d’Air France a choisi dans la torpeur du mois d’août son nouveau commandant de bord : Benjamin Smith, as du low-cost et numéro deux d’Air Canada. C’est gonflé.
Benjamin « Ben » Smith va aussi toucher une rémunération annuelle de 3 millions d’euros environ, trois fois plus que son prédécesseur, Jean-Marc Janaillac. De quoi se payer des chemises trois fois plus résistantes car les syndicats de pilotes — les vrais — ne décolèrent pas. Ben Smith est de nationalité canadienne et ne pratique pas la même religion que nous : un nord-américain formé au catéchisme ultra-libéral ne serait pas capable de résoudre la lutte des classes en cours à Air France. Et quid de la souveraineté nationale ? Air France, c’est quand même un symbole de not’ pays, merde alors. Comme ils disent dans leur pub : “France is in the air” (“la France est dans l’air du temps”). Sauf que depuis 2004, après une privatisation partielle et une entrée en bourse, Air France a fusionné avec la compagnie nationale néerlandaise KLM. Les pilotes, syndiqués ou pas, se croient un peu l’élite de la nation, sous prétexte qu’ils ont fait des grandes écoles et qu’ils transportent chaque année des wagons entiers de voyageurs dans une relative sécurité (en 2017 : 44 décès par accident sur 4,7 milliards de passagers dont 164 millions pour le marché français). Ils se prennent pour qui ? Han Solo ? En fait, ces gens n’aiment pas les PDG étrangers qui viennent manger trois fois le pain des PDG français et profiter de notre système de protection sociale qui leur garantit un parachute doré. C’est vrai que confier à un migrant — même légalisé – les rênes d’une grande compagnie française (de souche), est-ce que ça ne risque pas de créer un appel d’air ?
[Dessin de Wingz paru dans le Zélium n°4 spécial Tourisme – été 2015]
NB : Encore quelques jours pour trouver le n°10 en kiosques, un numéro à la gloire des patrons méritants comme Mr Smith !