J’aime la chatte. J’ai toujours aimé ça. Pas l’animal, non ; entendons-nous bien, je parle du sexe des femmes. Aussi, quand l’occasion s’est présentée de coucher avec Gilberte, j’ai foncé tête baissée. Je l’ai séduite à la seconde où j’ai croisé son regard. L’instant d’après, je lui cassais les pattes arrière.
Je suis un abominable cornichon de vous parler aussi crûment ; mais le fait est que Gilberte aime le cul. C’est d’ailleurs le peu que je sache d’elle. Enfin, je sais aussi qu’elle est serrurière. C’est justement ce qui m’a permis de faire sa connaissance.
Je venais de me faire congédier par ma petite amie de l’époque. Cette enfant sauvage m’avait sorti de sa vie avec une indélicatesse rare et je tenais à garder à son insu un double de ses clés. J’étais très fleur bleue et je serais mort à l’idée de ne pouvoir aller renifler en douce ses petites culottes. Les sous-vêtements féminins sont tellement puissants, avec leurs couleurs et leurs dessins rigolos. Ce qui est délicieux, c’est que les femmes, surtout quand elles sont jeunes, laissent toujours deux traces de pneu : une à l’arrière et une à l’avant. Enfin, il y a des exceptions.
Je l’ignorais précisément avant de rencontrer Gilberte. Si j’avais eu plus longtemps le courage de flirter avec elle, je n’aurais eu de ses dessous qu’une auréole multicolore à me mettre sous la langue. Par quel prodige ? Allez savoir. Gilberte est ainsi faite. Elle n’a qu’un seul trou, un trou pour tout.
Sa serrurerie se tapit au fond d’une galerie commerciale. On se croirait dans le métro. Elle est minuscule, croulant sous des milliers de clés et autres objets en fer. Gilberte se tient derrière le comptoir, sous une plaque d’immatriculation où elle a, sans doute dans un moment d’ennui tenace, écrit son prénom. Elle est difforme mais ça ne se voit pas du premier coup d’œil. Elle a le teint sec et les yeux gris. Elle traite ses petits seins vides sans égard. Voilà pour la partie émergée.
Réservait-elle le même accueil à tous ses clients ? Sans être fanfaron, j’en doute. Je l’ai vu se décomposer en me voyant, d’une façon si intense qu’on ne peut le vivre souvent. Elle s’est craquelée comme de la vieille peinture. Je l’ai suivie dans l’arrière boutique. Un endroit exigu au possible. Plus petit, ce serait dangereux. Elle avait un de ces pantalons de gonzesse noirs qui leur rentrent dans les fesses. Elle s’est retournée vers moi puis mise à genoux. Constatant que je bandais déjà au plus haut point, elle s’est relevée. C’était une de ces femmes pour qui faire une fellation n’est qu’un moyen de s’assurer que le partenaire est bien rigide. Je me croyais donc face à un genre bien connu de moi et je visualisais déjà parfaitement le coït à venir. Tout allait commencer par un missionnaire bien élevé, puis le ton allait monter en levrette, et enfin j’allais éjaculer par terre, pour ne pas abuser. J’avais tout faux.
Elle se présenta de dos et courbée tel un cycliste en recherche d’aérodynamisme. Elle enroula sa tête de manière à se retrouver clavicule contre sol. Elle s’inclina légèrement et c’est là que je découvris l’indescriptible chose. Pas d’anus, pas de vagin, mais dans cette région supposée se tenir entre les deux, se dressait un tertre de chair, une sorte de taupinière grimaçante ! Je compris effaré qu’il ne s’agissait pas là d’une excroissance ou d’un grain de beauté qui aurait mal tourné, mais bel et bien de son vagin !
Cette espèce de cône de viande s’ouvrait puis se fermait, comme un Vésuve téléguidé. Les mouvements de dilatation étaient comme des signaux de fumées qui m’invitaient à l’intérieur. C’est peu dire que j’étais mitigé. Je ne perdais pas mon érection mais je sentais qu’il ne fallait pas hésiter plus longtemps. Elle se donnait à moi si uniment ; je me serais conduit comme le dernier des goujats en déclinant l’offre. Je conduisis mon sexe à l’intérieur. Gilberte s’ouvrit avec largesse. J’avançais à l’aveuglette dans ce monticule, non sans une sensation de sable mouillé. M’étant enseveli jusqu’aux testicules, j’amorçai la remontée, espérant précipiter quelques allers-retours et puis s’en va. Or je ne pus rebrousser chemin d’un millimètre ; un vif resserrement à la base de mon pénis m’en empêchait, comme si cette garce m’avait capturé ! Impossible de fuir le piège à loup. Elle m’infligeait des contractions saccadées. Silencieuse jusqu’ici, elle commençait à gémir. Voilà donc comment ce drôle de con trouvait son plaisir. Moi, j’avais l’inconfortable impression de me faire traire. Le sang affluait vers mon gland au fur et à mesure qu’elle accélérait la succion. Mes bourses se soudèrent et ressemblaient à une petite bombe à eau. Mécaniquement, je finis, non sans douleur, par propulser en elle, comme une transhumance de saumons, tous mes spermatozoïdes.
D’habitude, mes conquêtes ne sentent pas à quel moment je jouis. Je suis obligé de le signaler en leur tapotant l’épaule. Mais Gilberte perçut la chose avec grande exactitude. Elle desserra l’étau et me laissa filer. Mon sexe avait l’air de s’être fait rouler dessus par un motoculteur. J’étais essoufflé sans rien avoir fait, comme si je m’étais endormi branché au Sport-Elec.
Contrairement aux chattes normales, rien ne s’écoula. La taupinière se referma très hermétiquement. Je devinai un léger bruit. Comme si ce fut un sas qui se condamnât automatiquement. J’eus également l’idée que ça travaillait à l’intérieur, que ça tournait comme une essoreuse ou une centrifugeuse à éprouvettes. Je me rhabillai avec hâte mais lenteur. Gilberte déploya sa tête comme une tortue au printemps. Tout son maquillage avait coulé et elle me souriait à travers ce fluide noir et gluant. Elle me conviait par tacite reconduction à remettre ça. En dehors du fait que c’était totalement impensable sur le plan physique, je ne voulais rien d’elle sinon l’effacer à jamais de ma vie.
J’y parvins ; en déménageant loin. J’arrive en gardant les yeux bien ouverts à coucher avec des femmes sans penser à ce cyclope affreux. Toutefois, au bistro, quand j’ai bu un petit coup de trop, je me fais volontiers mousser en racontant aux copains l’histoire de cette incroyable rombière qui avait « un trou pour tout ».
Nicolas Millié
4 comments
Romain says:
août 27, 2013
Après vérification (a posteriori, c’est ça l’inconvénient des vérifications), l’urètre est aussi présent chez la femme, mais ne sert qu’à une chose, quand il sert à deux chez l’homme. Aussi, pour être rigoureux, il faudrait donc plutôt un titre du style « femme à l’urètre de type masculin, femme… ». Mais loin de moi toute velléité grivoise, encore une fois
Romain says:
août 27, 2013
Un trou pour tout : c’est un peu l’histoire d’une transposition de l’urètre à la femme, non ?… Ca, c’est pour l’analyse physiologique du texte (de là à proposer un titre alternatif du genre « femme à l’urêtre, femme à… », il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas).
Ce texte est dans le ton d’un réveillon post mortem qu’il m’a été donné de lire, j’adore ! C’est frais, et moite à la fois ; et c’est là tout l’exploit. Je me languis d’un bon gros roman signé Millié, lâché en librairie comme un penalty dans une boutique Swaroski
S.F. says:
août 20, 2013
Visiblement, c’est plutôt toi le roi de la branlette! haha
fred says:
août 7, 2012
On reste sans voix devant tant de respect et d’amour envers la moitié de l’humanité..Malgré l’intérêt indéniable que vous portez aux femmes, enfin surtout à la partie technique,si j’ai bien compris; il me semble que vous passez à coté de l’essentiel et que votre vue assez sale du sexe fait un tantinet penser à un adolescent en butte à des pulsions non contrôlées, et pauvre garçon, réduit à la veuve poignée, faute d’un physique requis à minima pour bénéficier des faveurs d’une âme compatissante..mais vous avez raison sur un point: Vous êtes un vrai cornichon, et cela , on ne peut pas vous le retirer!