L’édito version longue du Z Minus (Une de Soulcié).
On peut raconter des conneries sur la Marine, c’est pas la peine de s’excuser avant. Faut pas se priver, ses prédécesseurs ne se sont pas gênés. A la fin du XIXe siècle les parlementaires avaient de la verve dans l’invective. L’insulte jaillit vite, seule ou en grappe : « excrément, pied, gland de potence, baron de mes deux, Zola, gâteux, enjuivé, moule à claque, olibrius, fœtus, déflaque », et même « Dreyfus », nom propre sali, en tous cas pour les antisémites, qui ne manquaient pas, à l’époque. Lors de l’Affaire Dreyfus, le Parlement retentit de vocables charmants : « Chameau, volaille, vieille gravure, sabot, pantoufle, Béni-bouf-bouf, abcès, pou », le tout lancé à la gueule avec force points d’exclamation. Ce doux cérémonial s’est un peu perdu. Dommage, on se marrait bien.
Avant d’être élu en 1974, Valéry Giscard d’Estaing avait promis qu’il ne poursuivrait personne pour outrage au chef de l’État. Après son élection, Libé qui savait rigoler titre en Une : « Insulter Giscard, c’est légal », assorti d’une colonne d’injures : « Tête de con, pourri de bourgeois, pomme, naze, facho, rat d’égout, peine à jouir, trou du c…, fils à papa, requin d’arriviste, mange caca, pisse froid, menteur, crétin, grande saucisse sans moutarde, pue du bec, oiseau de mort, vautour, tire au flanc, tête molle, gras du bide. Sans oublier : accordéoniste de mes deux, jean foutre, traîne savate, sale duc, enflé de Chamalières, carambouille et compagnie, tête d’œuf aristo, pouffiat, serpillère, gelé, morveau, chancre discret de la bourgeoisie, tête de nave, cul de poule, armoire à merde, ducon la joie, frimeur, obsédé, zinzin, gagne-petit, radin, grand zouave, sale homme politique, enfoiré, tas de merde dans un bas de soie, trouillard, tête de noeud, bachibouzouk, anachorète, phacochère de la politique, Royer, Druon petit con petit con petit con tordu, crétin, baratineur, chacal perfide, vipère lubrique, dadet, rigolo, coureur, pique-assiette, andouille, aprostatique, petite chose, pomme à l’eau, réformateur, ITT, du gland, enfant de Pétain, coca cola, vachequiriphile, vieux beau, peigne cul, hémorroïde vengeresse, Giscard à la barre… » Injure suprême, puisque c’était son slogan de campagne.