Etienne Liebig, notre docteur en philothéosociopsychosexologie, enquête sur le fondement de la religion. Ce texte est tiré du premier numéro de Zélium, datant de février 2011.
Dans le cadre des rencontres « Foi et Anus » qui se sont tenues cette année encore dans ma cave, le sujet déjà tant débattu d’un anilingus purement judéo-chrétien s’est posé de façon récurrente lorsque, baissé à l’extrême, le père Mortier, qui avait perdu ses hosties, a relevé sa chasuble pour nous montrer son porte-jarretelles.
Alors, bien sûr, l’objet de cette recherche n’est pas de favoriser de longues chaînes de croyants à quatre pattes, le nez dans le fion de leurs voisins ou de leurs voisines qui chanteraient « C’est la chenille qui redémarre », en lieu et place du « Tantum ergo » traditionnel dans ces églises transformées en backrooms de boîtes gay. Non. Plutôt de mesurer ensemble, à l’aune de nos connaissances catéchétiques, si l’on peut, en accord avec Vatican II, se faire reluire la pastille sans risquer l’anathème, l’excommunication, la relégation et pour tout dire l’Enfer.
La Bible est chiche sur ce sujet précis. Certes Caïn, Abel et Seth, qui devaient sérieusement s’emmerder vu le manque de gonzesses * , si l’on excepte leur mère, ont dû jouer à bouchetroutrou, comme tous les enfants et les communistes, mais les témoignages manquent cruellement puisqu’il faudra attendre trois millions d’années pour que M6 nous parle enfin de sexualité. Reste le fameux épisode de Sodome et Gomorrhe, et là, désolé pour nos lecteurs tendance « terre jaune », on ne peut pas dire que la Bible encourage le petit coup dans la boîte à cirage. On est plutôt limite « mal vus » voire complètement out of order si l’on donne dans la turbine à chocolat plutôt que dans la cramouille à mamie Nova. Et comme disait un exégète mondain de mes connaissances : « Si c’est pour crever sous une pluie de soufre et de feu, très peu pour moi, je ne sors plus du Marais ** et pis c’est tout ».
Reste alors au chercheur à découvrir, à travers les symboles, ce qui pourrait donner sens à cette quête de l’inconnu. Et, pareil au socialiste français qui veut prouver à tout prix qu’il est de gauche en nous rabâchant pour la millième fois que Mitterrand a aboli la peine de mort, votre humble serviteur ouvre la petite porte de la connaissance et farfouille dans l’infime pour démontrer ce qu’il veut démontrer avec la malhonnêteté intellectuelle de l’ensemble des universitaires de notre beau pays.
Notons en premier lieu l’étrange adéquation entre une belle « feuille de rose » entre croyants sur les marches d’un autel et l’expression si profondément chrétienne : « Je vais te baiser l’anneau ». Les puristes fondamentalistes m’opposeront que ce luxe était réservé aux Pères de l’Église, évêques et docteurs de la foi, mais précisément, n’assiste-t-on pas ces derniers temps à une véritable démocratisation des pratiques eucharistiques ? Dans un souci de pratique, je propose ce petit exercice pour familiariser le nouveau venu en religion, qui n’aurait pas eu l’occasion de prendre un doigt aux JMJ parisiennes en présence du très Saint Père, à ces grandes traditions théophilanthropiques.
Entraînez-vous pendant cinq jours à dire, juste après les vêpres : « Baise-moi l’anneau », en tendant votre main à votre ami. Puis, le sixième jour, dites simplement : « Baise-moi l’anneau, gros cochon », mais cette fois en tendant votre cul. Vous verrez que le plus naturellement du monde, vous bénéficierez d’une petite langue au beurrier sans qu’il vous en coûte. Reposez-vous le septième jour.
Par ailleurs, quiconque ayant déjà mis les pieds au temple, à la mosquée, à l’église, à la synagogue ou au bordel, aura remarqué les positions d’humilité adoptées par les fidèles tétanisés par la grandeur du Tout-Puissant. Agenouillés, inclinés, penchés, courbés, obliques, rampants, écrasés. Ce sont évidemment des positions extrêmement favorisantes quant à la fonction labiopalatalanale qui nous occupe ici. La componction outrancière qui fait sa force culturelle est une invite naturelle à l’exploration hypoglossienne du pot à moutarde et favorise par un jeu musculo-squelettique complexe l’entrebaîllement de la boîte à lentilles, autrement appelée « sphincter du petit Jésus » dans les plaines arides de la Dobroudja en Roumanie orientale.
Nous avons parlé de l’anilingué(e) avec force convition, mais l’épistémologie de la recherche me conduit à parler aussi de l’anilingueur ou de sa sœur, l’anilingueuse. Lécher un anus exige, certes, moins d’agilité que n’en demande un gamahuchage rondement mené, mais il faut néanmoins jouer de la langue avec dextérité si l’on veut déclencher la mise en tension des innervations anales responsables de la sublimation extatique, comme disait Sainte Thérèse en se grattant le fondement irrité par un goupillon malpropre. Or, mes très chers frères, mes très chères sœurs, qui manie mieux la langue qu’un fondu de la prière, un allumé de la psalmodie et du confiteor, un paroissien amoureux des burettes ? Personne ! La musculature glossienne du prêtre n’a d’égale que la beauté naturelle de la première dame de France. D’où ce conseil de bon sens, qu’il est préférable de se faire chatouiller le borgne par un curé bavard que par un moine ayant fait vœu de silence.
Voilà ce que l’on pouvait dire aujourd’hui sur cette question précise dans l’était actuel de la recherche. On peut en conclure qu’il n’est pas apostat de se faire lécher le cul pour un croyant, que cet heureux fils de Dieu ne sera pas mal vu en haut lieu. Si, d’aventure, certains de mes lecteurs et certaines de mes lectrices devenaient diablement habiles en cet art de l’anilingus, je leur conseillerais toutefois de préférer la politique à la soutane.
* Ils n’avaient pas, de plus, des prénoms faciles à porter.
** Un quartier de Paris a pris ce nom, en hommage à Jean Marais.
Étienne Liebig
(en direct du Vatican)